Urbex : les shooting photo dans des lieux abandonnés
Urbex: un enfant à la découverte de friches oubliées
Cette envie de découvrir des lieux abandonnés vient de mon enfance (et plus particulièrement du bâtiment que vous voyez ici).
A cette époque, le terme urbex n’était pas du tout employé!
Je me rappelle de cette usine comme si c’était hier. Chaque jour je la contemplais au loin, du haut de ma fenêtre.
Cette massive bâtisse captivait mon attention dès que mon regard s’échappait vers l’extérieur.
C’était encore une époque ou les lieux abandonnés n’étaient pas rasés, et faisaient parti du patrimoine urbain.
On vivait avec, sans chercher plus loin.
Ce lieu était trop loin pour mes petites jambes, et apparaissait tel un mirage : visible mais inaccessible.
Plus proche de moi, il y avait aussi deux terrains dans lesquels se trouvaient une magnifique demeure et une petite maisonnette d’artiste. Ces lieux relevaient plus à mes yeux de la féérie d’un monde imaginaire que de bâtisses en proie à une mort certaine. Là, malheureusement, je n’ai aucune image!
Au début je n’osais m’y aventurer, et me contentais de les regarder, partant en courant au moindre grincement de branches. Pour les découvrir, il fallait prendre la décision de se lancer.
La plus petite de ces maisons était accolée à celle de mes parents.
Des artistes y avaient vécu dans une forme de retraite créative, sans électricité ni eau potable.
Petit à petit je me suis décidé à m’approcher …Et puis un jour, ce fut LE grand jour!
Du haut de mes 6 ans je me suis décidé à m’en approcher… timidement, puis de plus près, pour au final y pénétrer, et y rester des heures entières. Je ne le savais pas encore, mais ce choix allait avoir une importance capitale dans mon existence.
Je perçois encore les parfums de glycine et de chèvrefeuille qui parfumaient le périmètre, ainsi que le goût des noix que j’y ramassais. A l’intérieur, l’odeur de bois humide envahissait mon esprit au fur et à mesure que je montais les étages.
Ce côté « interdit » me fascinait. J’aimais imaginer qui avait vécu dans ces lieux, et pourquoi ils étaient partis si brusquement. Je réinventais leur vie.
Je me demandais pourquoi les enfants avaient abandonné leurs jouets, leurs poupées où ils étaient alors que je me trouvais assis sur leur lit, à jouer avec leurs billes. A l’époque, j’étais loin d’imaginer qu’un jour je créerai des photos de femmes nues avec des peluches et des poupées, lors de shooting photo nurbex.
Ma découverte de l’urbex : une autre époque
C’était une époque ou les tags n’existaient pas, où des lieux restaient en l’état pendant des décennies.
Une époque où les nounours des enfants partageaient leurs derniers instants en compagnie de la nature qui reprenait ses droits, ou les lianes de lierre infiltraient les sachez de riz oubliés dans des armoires, et quelques exemplaires de journaux d’époque traînant au sol.
Dans l’une de ces maisons le salon était comme figé. La salle de bain exiguë, elle, mourrait lentement de l’humidité Francilienne rongeante.
Ces instants saupoudrés de parfums aux senteurs d’été sont bercés par le doux bruit du vent dans les feuillages des noyers et autres chênes, que j’écoutais allongé au soleil dans une prairie.
A l’époque, j’étais très loin d’imaginer qu’ils resteraient figés en moi et qu’un beau jour ils surgiraient de ma mémoire pour constituer les fondations d’une aventure artistique.
Je l’ai d’ailleurs compris il y a très, très peu de temps.
Par la suite, et de manière totalement inconsciente, mon lien avec ces lieux a été nourri par l’organisation d’énormes événements techno/électro, dans des endroits tous plus insolites les uns que les autres.
Toujours inappropriés, mais finalement parfaits pour des événements d’exception.
J’ai toujours gardé le goût de ces endroits qui, pour quelques heures, renaissent de leurs cendres et créent le décor d’une nouvelle histoire éphémère.
Désormais, ces instants sont teintés d’une touche sensuelle apportée par des modèles féminins.
J’aime redonner vie à ces lieux oubliés, abîmés par le temps, souvent conspués et dérangeants, mais toujours chargés d’une énergie unique.
Ils indiquent que des émotions y ont été vécues ; très souvent, les murs ont imprimé des histoires, où chacun a laissé une tranche de sa vie, qui s’y est parfois arrêtée en un instant, comme si l’urgence avait fait évacuer l’endroit!
Bien que mes créations se fassent dans tout type de lieux, ces bâtiments étranges ont de loin ma préférence.
Si l’endroit dérange, s’il impressionne, voire s’il fait peur, c’est donc là que je veux aller.
C’est peut-être dû à mon goût pour une forme de provocation, et au fait que j’ai toujours été attiré par les contrastes, les oppositions, l’inverse de ce que véhicule la morale bien pensante.
L’ambiance chaotique de ces lieux, ce qu’ils dégagent et le ressenti de l’Homme à leur égard est l’opposition parfaite de ce que représente la gente féminine, à savoir la sensualité, la douceur, et surtout la vie. Un peu caricatural me direz-vous… peut être, mais c’est avant tout mon ressenti que je vous confie là!
Mais au fait l’urbex, c’est quoi?
Ce terme vient la contraction des mots anglais URBan EXploration qui selon Wikipédia est « une activité consistant à visiter des lieux construits par l’homme, abandonnés ou non, en général interdits d’accès ou tout du moins cachés ou difficiles d’accès ».
Donc en fait, si on se tient à cette définition, cela ne concerne pas exclusivement les lieux abandonnés.
Depuis quelques années, l’urbex est devenue une réelle mode.
De nombreux sites proposent des reportages photos de leurs explorations, dans des lieux abandonnés parfois réellement gigantesques, inquiétants, beaux, fascinants… mais qui ne laissent jamais indifférents.
On y voit des photos d’hôpitaux abandonnés, de sanatorium, d’orphelinats, de forts militaires, de prison, de châteaux et de manoirs abandonnés.
Je dois avouer que certaines personnes sont très fortes pour débusquer des lieux tous plus fous les uns que les autres!
Le frisson de cette pratique vient notamment du fait que ces lieux sont difficiles à trouver. Le réseau des urbex-eurs s’échangent les bonnes adresses en mode « donnant-donnant »: tu m’indiques un lieu, je t’en indique un autre.
Personnellement la plupart des lieux que j’ai trouvé sont ceux remontés de mon passé.
Finalement, j’en ai cherché très peu malgré le nombre très importants qui figure sur mes photos de nu artistique.
J’ai parfois demandé à certaines personnes s’ils pouvaient m’indiquer quelques informations pour localiser des lieux oubliés et j’ai remarqué à cette occasion un phénomène qui m’a beaucoup fait rire…
En effet, on trouve parfois sur le net une réelle escalade du nombre de lieux, de l’originalité des lieux visités.
Et certains, consciemment ou pas, n’hésitent pas à s’octroyer un espèce de pseudo pouvoir et croient détenir comme une sorte de graal, se permettant de tenir des propos dignes de dictateurs, et usant de leurs connaissances en terme de localisation pour s’accorder une hiérarchie qu’ils n’ont pourtant pas.
Mes quelques conversations avec certains énergumènes m’ont vite calmé et comme je suis quelqu’un de libre et d’intègre, j’ai toujours préféré rire de leurs propos que de m’en offusquer.
L’avènement de l’urbex
Comme tout phénomène marginal qui devient sociétal, l’originalité de ce mouvement s’est quelque peu auto-flagellé.
Désormais, certains n’hésitent pas à indiquer la localisation exacte de certains endroits directement sur leur blog, de telle sorte que je connais des lieux plus fréquentés qu’une autoroute un weekend.
De fait le passage massif entraîne la destruction rapide, l’usure. Parfois certains lieux ont été détruits en quelques années alors que cela faisait des décennies qu’ils cohabitaient avec la nature.
En effet, bien que la plupart des personnes pratiquant l’urbex sont à mes yeux pleines de bon sens et bien intentionnées, de nombreux pilleurs et autres vandales ont trouvé un terrain de jeux sans précédent avec ce genre d’endroits.
Ces personnes ne respectent aucun « code déontologique » : ne rien abîmer, ne rien déplacer, ne rien emporter, et plus généralement laisser le lieu abandonné tel qu’on l’a trouvé.
L’avantage d’un shooting photo dans un lieu abandonné
C’est la garantie d’un décor unique et original, avec de nombreux spots et des lumières qui varient parfois d’une minute à l’autre.
C’est d’ailleurs l’une des raisons essentielles qui m’a souvent poussé à réaliser des shooting photo urbex.
Si en plus vous êtes comme moi et que vous vous intéressez à l’histoire de chaque endroit, ce sera l’occasion de créer des histoires et d’aller plus loin qu’un simple shooting photo dans un lieu abandonné.
Faire de l’urbex est d’une certaine manière assez grisant: le fait de faire ses recherches pour localiser l’endroit, ce qui peut parfois prendre des semaines, puis aller repérer le voisinage, les entrées potentielles, la peur de tomber sur du monde, ou de se faire stopper dans son élan.
Surtout, ce côté grisant prend tout son sens dans la satisfaction que procure la découverte d’un endroit « interdit’.
Car oui, faire de l’urbex, est interdit par la loi. Il y a en effet toujours un propriétaire, aussi lointain soit-il. Donc quand on fait de l’urbex, on se trouve forcément sur une propriété privée.
Quelques consignes à respecter pour faire de l’urbex
Bien entendu, il faut faire attention à soi et aux personnes qui nous accompagnent.
Toujours avoir un téléphone chargé, et une lampe qui fonctionne!
Dites toujours à quelqu’un où vous vous trouvez exactement. Un accident est vite arrivé, et souvenez que vous êtes avant tout là pour rigoler et faire de belles photos. Il y a toujours des trous disséminés un peu partout, des objets contondants qui se baladent.
On peut se tuer, mais se faire une petite entorse peut suffire à nous mettre en difficulté. Alors soyez juste raisonnable.
Vous est-il déjà arrivé de vous dire, en arrivant quelque part (et je ne parle pas d’urbex) de vous dire « tiens, il y a une ambiance bizarre ici ».
C’est un phénomène qui peut arriver en urbex, d’autant que certaines personnes ont des ressentis plus sensibles que d’autres.
Il m’est ainsi déjà arrivé de ressentir un certain malaise même quelques jours après la visite de lieux très chargés, comme des hôpitaux notamment.
Ecoutez toujours la « petite voix » en vous qui vous dit d’y aller ou pas, et surtout n’étouffez pas vos ressentis.
Il m’est arrivé une seule fois de ne pas rentrer dans une maison, qui se trouvait dans un énorme complexe près de Marseille.
Je n’ai jamais su pourquoi je ne suis pas grimpé dans cette bicoque alors que deux amis et moi même venions d’explorer une usine grande de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés.
Ce qui est certain, c’est que nous étions 3 téméraires à avoir ressenti la même chose, un sorte de peur en bas d’un escalier, comme une obligation de sortir. Et donc? Nous sommes sortis.
Les limites sont souvent faites pour être dépassées, mais parfois elles sont uniquement pour être écoutées. A vous de juger.!
Vous pouvez aussi découvrir quelques photos urbex ci-dessous, ainsi qu’un reportage TV qui m’a été consacré sur D17 lors d’un shooting photo nurbex.